La Fuite ! Comédie fantastique en 8 songes
de Mikhaïl Boulgakov
Mise en scène de Macha Makeïeff
Avec Pascal Rénéric, Vanessa Fonte, Vincent Winterhalter, Thomas Morris, Geoffroy Rondeau, Alain Fromager, Pierre Hancisse, Sylvain Levitte, Samuel Glaumé, Karyll Elgrichi, Emilie Pictet, (une petite fille en alternance :) Sarina Dian Siriczman, Tess Genre, Noémie Labaune, Salomé Narboni
Le vaudeville de l’exil ou la course folle des Russes blancs en 1920. La Grande et la petite histoire des bannis de la révolution par l’auteur du Maitre et Marguerite.
Sur le plateau de la Criée ça tangue ! Nous voilà embarqués sur le plateau comme sur un navire - la comparaison classique avec un plateau de théâtre s’impose. L’équipage, les onze techniciens, orchestre les glissements de décors, la valse des objets, les multiples entrées et sorties, les changements de costume (les onze comédiens interprètent une trentaine de personnages), le tout magnifiquement éclairé par Jean Bellorini les pièces sont opaques puis transparentes, les lustres montent et descendent… on en voit de toutes les couleurs. Et on est ravi. On est au théâtre. On est dans une certaine Russie, celle de nos fantasmes : excessive, frénétique, chaotique.
Cette Russie c’est celle que Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) a raconté dans La Fuite !, pièce commencée en 1928, quatre fois réécrite, jamais jouée de son vivant. La fuite, c’est celle des Russes blancs en 1920 après la révolution soviétique, réfugiés en totale déroute devant l’Armée rouge, et en route, vaille que vaille, vers la Crimée, Sébastopol, Constantinople, Paris. En huit parties intitulées Songes, l’auteur du Maître et Marguerite crée une hallucinante cohorte de personnages : état-major vaincu, espions, moines, prostituée, civils chassés de leur monde, déclassés, réprouvés mais portés par une fureur de vivre dans le pur style du théâtre satirique russe.
Sur scène aussi tout au long du spectacle, une fillette qui assiste, silencieuse, au déroulement de l’histoire, la grande et la petite. Cette enfant c’est Macha Makeïeff écoutant les Russes blancs avec ses grands-parents - débarqués à Ajaccio en 1921, puis à Paris et à Marseille où ils s’installent - livrer des « récits fragmentaires, comme rêvés » dit la directrice de La Criée. Elle a retrouvé cette impression onirique avec le texte de l’auteur russe : "(…) la force, le génie de Boulgakov c’est de se donner toute liberté en parlant de songes : c’est un artifice de théâtre magnifique ! Il n’est ni du côté des Rouges ni de celui des Blancs, il nous raconte des vies fracassées. Ce sont des visions mentales qu’il nous propose."
Les quatre premiers songes sont pleins de bruit et de fureur, de violences et de trahisons, une course folle (la fuite se dit Beg en russe qui signifie aussi course) qui peut laisser parfois le spectateur en arrière. Les quatre suivants sont d’accès plus direct. Il y a une irrésistible scène à Paris dans l’hôtel particulier de Korzoukhine, l’ex-ministre du commerce joué par Alain Fromager. Il y a aussi des échappées douces avec des bribes de musique, quelques notes de Plaine oh ma plaine, des morceaux d’accordéon - toute la troupe a appris à jouer de cet instrument ! et de superbes envolées vocales sur une réplique avec la soprano Emilie Pictet. Tout la création sonore de Sébastien Trouvé porte le spectacle. Présence de la danse aussi très réussie sur de charmantes ébauches de chorégraphies conçues avec la complicité de Angelin Preljocaj. On navigue ainsi entre tragédie et burlesque, entre drôlerie et nostalgie avec l’extravagance pour maître-mot. Dans ses notes de travail Macha Makeïff écrivait : "(…) Boulgakov choisit de décrire l’instant précis d’une défaite et de sa révélation : désastre des corps et fragilité des âmes. C’est la Russie qui s’entredévore ; ce sont des êtres sublimes et terribles qui se perdent. Expiation, rédemption et course folle. Un vaudeville mystique et cruel."
Un vaudeville finalement mis à l’index par Staline, pourtant grand admirateur de Boulgakov. Ce dernier aurait aimé devenir l’interlocuteur de Staline comme Pouchkine celui de Nicolas 1er. De fait, la pièce marque le début des tourments du dramaturge. A partir de 1928 ses uvres sont retirées de l’affiche des théâtres. En France La Fuite ! fut jouée en 1970 au Théâtre des Amandiers de Nanterre avec une adaptation d’Antoine Vitez qui évoquait « des personnages engagés dans une course folle, mais vers quoi ? » Une question qui nous concerne tous un peu non ?
Cette Russie c’est celle que Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) a raconté dans La Fuite !, pièce commencée en 1928, quatre fois réécrite, jamais jouée de son vivant. La fuite, c’est celle des Russes blancs en 1920 après la révolution soviétique, réfugiés en totale déroute devant l’Armée rouge, et en route, vaille que vaille, vers la Crimée, Sébastopol, Constantinople, Paris. En huit parties intitulées Songes, l’auteur du Maître et Marguerite crée une hallucinante cohorte de personnages : état-major vaincu, espions, moines, prostituée, civils chassés de leur monde, déclassés, réprouvés mais portés par une fureur de vivre dans le pur style du théâtre satirique russe.
Sur scène aussi tout au long du spectacle, une fillette qui assiste, silencieuse, au déroulement de l’histoire, la grande et la petite. Cette enfant c’est Macha Makeïeff écoutant les Russes blancs avec ses grands-parents - débarqués à Ajaccio en 1921, puis à Paris et à Marseille où ils s’installent - livrer des « récits fragmentaires, comme rêvés » dit la directrice de La Criée. Elle a retrouvé cette impression onirique avec le texte de l’auteur russe : "(…) la force, le génie de Boulgakov c’est de se donner toute liberté en parlant de songes : c’est un artifice de théâtre magnifique ! Il n’est ni du côté des Rouges ni de celui des Blancs, il nous raconte des vies fracassées. Ce sont des visions mentales qu’il nous propose."
Les quatre premiers songes sont pleins de bruit et de fureur, de violences et de trahisons, une course folle (la fuite se dit Beg en russe qui signifie aussi course) qui peut laisser parfois le spectateur en arrière. Les quatre suivants sont d’accès plus direct. Il y a une irrésistible scène à Paris dans l’hôtel particulier de Korzoukhine, l’ex-ministre du commerce joué par Alain Fromager. Il y a aussi des échappées douces avec des bribes de musique, quelques notes de Plaine oh ma plaine, des morceaux d’accordéon - toute la troupe a appris à jouer de cet instrument ! et de superbes envolées vocales sur une réplique avec la soprano Emilie Pictet. Tout la création sonore de Sébastien Trouvé porte le spectacle. Présence de la danse aussi très réussie sur de charmantes ébauches de chorégraphies conçues avec la complicité de Angelin Preljocaj. On navigue ainsi entre tragédie et burlesque, entre drôlerie et nostalgie avec l’extravagance pour maître-mot. Dans ses notes de travail Macha Makeïff écrivait : "(…) Boulgakov choisit de décrire l’instant précis d’une défaite et de sa révélation : désastre des corps et fragilité des âmes. C’est la Russie qui s’entredévore ; ce sont des êtres sublimes et terribles qui se perdent. Expiation, rédemption et course folle. Un vaudeville mystique et cruel."
Un vaudeville finalement mis à l’index par Staline, pourtant grand admirateur de Boulgakov. Ce dernier aurait aimé devenir l’interlocuteur de Staline comme Pouchkine celui de Nicolas 1er. De fait, la pièce marque le début des tourments du dramaturge. A partir de 1928 ses uvres sont retirées de l’affiche des théâtres. En France La Fuite ! fut jouée en 1970 au Théâtre des Amandiers de Nanterre avec une adaptation d’Antoine Vitez qui évoquait « des personnages engagés dans une course folle, mais vers quoi ? » Une question qui nous concerne tous un peu non ?
Dane Cuypers
11/10/2017
Tournée 2017– 2018.
7 > 9 novembre Théâtre National de Nice
14 > 15 novembre Parvis Scène Nationale à Tarbes
21 novembre Théâtre de Corbeil-Essonnes
29 novembre > 16 décembre Théâtre Gérard Philipe – Centre Dramatique national de Saint-Denis
21 > 22 décembre Théâtre Liberté à Toulon
9 > 13 janvier Les Célestins à Lyon
19 > 20 janvier Le Quai à Angers
7 > 9 novembre Théâtre National de Nice
14 > 15 novembre Parvis Scène Nationale à Tarbes
21 novembre Théâtre de Corbeil-Essonnes
29 novembre > 16 décembre Théâtre Gérard Philipe – Centre Dramatique national de Saint-Denis
21 > 22 décembre Théâtre Liberté à Toulon
9 > 13 janvier Les Célestins à Lyon
19 > 20 janvier Le Quai à Angers
PARIS
Lucernaire
Mise en scène de GÉrard Rauber
Ce spectacle musical, orchestré par le génial metteur en scène Gérard Rauber, réunit un quatuor de talents exceptionnels pour nous emporter dans un voyage époustouflant à travers l’univers de Jean-Sébastien Bach ou en rapport à son œuvre comme cet étonnant et pétillant « 12345 »...
L'avis de Yves-Alexandre Julien
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"Come Bach" : Un quatuor virtuose qui réinvente les classiques
de Gérard RauberMise en scène de GÉrard Rauber
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de Christophe Barbier D'Après Jules Barbey D'Aurevilly
Mise en scène de Nicolas Briançon
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A la galerie Hélène Aziza
La folle passion de Franz Liszt et Marie D’Agoult
de Pierre Bréant
Mise en scène de Philippe Mercier
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