Février 1943. La petite ville de Saint-Pierre-des-Corps, dans la grande banlieue de Tours allait s’assoupir sous un épais manteau de neige. En ce troisième hiver de guerre, il faisait un froid de loup. Dans une maison simple et coquette, la famille Marquer était, en ce mardi 7 février 1943, agglutinée dans le salon autour du poste Técalémit. Il y avait là le père André, aux cheveux blancs comme la neige, la mère Marie, attentive, et les deux fils Antoine et Pierre. Fiché par la police de Pétain comme sympathisant communiste, André Marquer venait de passer un mois, à la prison de Tours. Suspecté d’avoir des activités politiques communistes, il venait d’être relâché, faute de preuves. Mais il se savait étroitement surveillé par la Police et la Gendarmerie aux ordres des autorités occupantes... En réalité, André Marquer était un résistant actif, appartenant au réseau "Résistance Fer" et aux Francs Tireurs et Partisans (FTP), communistes. Menant une politique active de collaboration avec l’Allemagne hitlérienne, Vichy faisait la chasse aux communistes. Et André n’avait dû son salut qu’à des complicités dans les milieux de la police pétiniste... Il était sorti de prison, mais pour combien de temps... Tous les soirs, même en son absence, c’était le même rituel. Dans la salle à manger meublée d’un buffet Henri II encaustiqué, d’un geste machinal, Marie Marquer avait soigneusement ajusté les double-rideaux qui masquaient la lumière de l’appartement. Tous réunis et penchés vers le récepteur, ils écoutaient attentivement, comme chaque soir, la radio France libre, qui émettait de Londres. Du haut parleur du poste de radio, au travers du brouillage, la voix du commentateur de l’émission "Les Français parlent aux Français". Comme par magie, de grands sourires avaient éclairé leurs visages, alors que l'émission se terminant, le speaker français de la BBC lançaient comme chaque soir, à la Résistance française, des messages personnels. André avait monté un peu le son du poste jusqu’au dernier message. Aucun ne le concernait directement. Aussi, avec le plus grand soin il avait recalé le récepteur sur la fréquence de "Radio Paris", aux mains de l’occupant avant d’éteindre précautionneusement l'interrupteur du poste Técalémit. Puis, il s’était tourné vers ses deux fils. Pierre était le plus jeune. A quinze ans, il était encore collégien. Quant à Antoine, le plus âgé, jeune lui aussi, tout nouvellement employé, comme le père à la Société Nationale des Chemins de Fer Français (SNCF), il s’était exécuté immédiatement en sortant rapidement de la pièce. Puis il avait monté un escalier étroit vers le grenier. Sans allumer la lumière, à tâtons, Antoine Marquer avait pénétré dans le grenier. Il avait soulevé plusieurs objets lourds, des piles de journaux grossièrement ficelés et enfin découvert une sorte de trappe qu’il avait ouverte. Il avait alors pris un paquet soigneusement plié et était rapidement redescendu du grenier.
Cette pièce théâtrale, Avoir 20 ans dans les maquis, nous replonge dans la période de l'occupation et de la Résistance. En 1943, après la défaite cuisante des forces allemandes face à la ville de Stalingrad, une famille communiste prend le maquis. Le fils aîné, âge de 20 ans rejoint le maquis de Sologne afin d'harceler l'occupant, dans la forêt de Lorris, au sud d'Orléans. Après la Libération il s'engagera dans la 1ère armée française. Quant au fils cadet, il est déporté au camp de Dachau. Les deux frères se retrouveront en Allemagne, lors de l'effondrement du régime du IIIe Reich. La mise en scène doit reproduire l'atmosphère pesante de cette époque, mais aussi l'idéalisme de toute une génération prête à se sacrifier au nom de certaines valeurs comme la liberté et la lutte contre la nazisme.
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