Incendies
de Wajdi Mouawad
Mise en scène de Stanislas Nordey
Avec Claire ingrid Cottanceau, Raoul Fernandez, Damien Gabriac, Charline Grand, Frédéric Leidgens, Serge Tranvouez, Julie Moreau, Véronique Nordey, Victor de Oliveira, Lamya Regragui
Le temps est une passerelle qui surplombe les précipices de l'existence, l'être été et l'avoir été.
L'écriture de Wajdi Mouawad n'est pas sans rappeler les scènes perplexes de Kafka, la métamorphose de l'homme mêlant étroitement l'intime et le conscient. Dans Incendies, la réalité matérialise les souffrances du passé au présent. Des séquelles générées par des années de conflit amputant l'histoire d'un peuple, une saignée dans la mémoire collective, l'errance d'hommes et de femmes marchant sur des chemins balayés de tout souffle d'antériorité, à la recherche de la vérité pour construire et se reconstruire.Une pièce écrite pour le théâtre, un théâtre tragique traversé par une multiplicité d'intrigues où la question de la quête de la personne flotte au-dessus de ce devoir de transmission. La pensée de Mouawad se met en marche, Stanislas Nordey actionne la mise en scène, les protagonistes instrumentalisent le plateau de leur présence physique et de leur voix éclatée par l'échelonnement des bouleversements.Le notaire Lebel reçoit en son étude Jeanne et Simon suite à la mort de leur mère Nawal. Il traduit les exigences testamentaires de cette dernière dans une lecture soulevant la surprise, l'incompréhension et la colère chez Simon. Le notaire vient de leur faire part de l'existence d'un frère dont ils n'avaient eu vent courir et d'un père qu'ils croyaient décéder. Lebel se doit de remettre aux enfants de Nawal une enveloppe, l'une pour le frère et l'autre pour le père. Escale en terre de douleur, un tremblement s'amorce, les drames vont ressurgir, des destins anonymes vont croiser le fer de l'impensable et de l'irréparable."La mort n'a pas de paroles, elle détruit." Cette courte phrase résonne comme une onde de choc. Sa portée est sans limite dans cette pièce qui a pour toile de fond la guerre. L'image d'une nation localement située dans un village peuplé d'hommes, les forces vives s'usant aux rudes contraintes de la terre et les femmes prostrées aux taches ingrates. La pauvreté, l'isolement, l'ignorance composent le maigre apanage de ces vies consommées sans artifice. Le salut étant peut-être l'expiration, synonyme de paix.Démonstration géométrique de la famille sur un polygone à cinq côtés. La grand-mère, la mère, le père, le fils et la fille se dispersent chacun à une extrémité. Théorie des graphiques qui explique que les points se touchent, mais ne se voient pas. D’où la colère manifestée par Simon à l'annonce de l'existence d'un frère et d'un père. La mère devient l'objet de toutes les controverses et déchainent des sentiments de rejet, de haine et d'oubli. A l'incompréhension, s'installe le doute du véritable amour maternel.Pourquoi cette mère n'a-t-elle plus prononcé le moindre mot pendant cinq longues années ? Le passage de l'état maternel à l'état mural, une palissade infranchissable pour Jeanne et son frère, car les silences soudains ne sont pas propices à l'apaisement. Les remises en question traversent les esprits, le jugement de soi par l'isolement de l'autre équivaut à une condamnation.La mise en scène s'intensifie quand le plateau plonge dans une semi obscurité. L'histoire de Nawal et de l'enfant qu'elle porte lui interdisent toute liberté. Elle a commis l'irréparable, elle a enfreint sa culture, une culture séculaire qui impose respect et mémoire.Dans cette pièce dramatique, les femmes expriment la colère de mère en fille, la révolte des incomprises. Des existences malmenées, des curs abimés avant même d'avoir pris le temps d'être partagés avec un autre. L'enracinement crée un climat austère, l'horizon se limite à l'entourage proche et s'ouvre sur l'improbable quand la guerre conduit le pays à l'anéantissement et à l'ouverture de camps de réfugiés. La liberté se décline derrière les barbelés, les hommes et les femmes cherchent leur famille dans cette immondice de violence et de massacre.La mise en scène de Stanislas Nordey, c'est le destin d'une femme, d'une famille en proie avec le terrorisme, le prisme de l'incompréhension. La démesure du temps trouble les codes de l'existence et donc de la personne en tant que personne morale et physique. Les émotions sont palpables car les comédiens pleurent, exultent, dynamisent la scène. Leurs éclats de voix sont des emportements qui soulèvent les tensions.Le décor, la sobriété d'un style anticonformiste éclairé par des spots aveuglants, une lumière blanche qui perce les entrailles de l'ensemble de ces destins.Incendies, c'est un collectif qu'il convient de féliciter dans son intégralité car la pièce de Wajdi Mouawad bouleverse, la mise en scène de Nordey engage dans une profonde réflexion personnelle. Les comédiens sortent intacts car ils sont éblouissants de réalisme et de vérité.Incendies, un grand moment de théâtre sur la scène du théâtre Antoine Vitez à Ivry sur Seine.
Philippe Delhumeau
11/05/2012
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