Camille, Camille, Camille
de Sophie Jabès
Mise en scène de Marie Montegani
Avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, Geneviève Dang (messager)
Camille Claudel marche sur son destin, un destin sculpté sur le bronze de l'amour-passion pour son maitre d'atelier, Auguste Rodin.
Camille Claudel, la sœur de l'écrivain Paul Claudel, naquit en décembre 1864 à Fère-en-Tardenois, un village situé dans le bas de l'Aisne. Elle voue une passion pour la sculpture et c'est ainsi qu'après s'être initiée à la terre glaise, elle profitera d'un déménagement familial dans le quartier de Montparnasse pour fréquenter les artistes du moment. Alfred Boucher auprès duquel elle appris ses premiers gestes et vint la rencontre avec Auguste Rodin, le maitre. Les œuvres de Camille Claudel, inclassables tel L'Age mûr, immortelles comme Persée et la Gorgone, insoupçonnées La Valse.
Le texte de Sophie Jabès, une résonance biographique de l'existence de Camille Claudel déclinée en trois dimensions humaines, l'élève de Rodin, l'artiste et l'internée. Ce texte évoque par analogie des moments d'errance que Camille Claudel traduisit avec La Jeune fille à la gerbe, L'Implorante et Profonde pensée.
Si l'histoire est d'encre, ces œuvres sculptées dans la terre cuite, le bronze et le marbre, correspondent aux matériaux de la construction et de la déconstruction de l'homme.
La pièce, une succession de tableaux, lesquels prennent pour cadre le support vidéo où apparaît un Messager, interprété par Geneviève Dang. Il annonce la mort à chacune de ses interventions.
La scène révèle dans un clair-obscur une vieille femme assise sur un banc, laquelle entretient un monologue articulé entre confusion et sénilité. Le récit d'une vie qui suit le fil d'une pensée décousue. Clémentine Yelnik est Camille Claudel âgée, internée en psychiatrie à Montfavet. Elle est celle qui sait tout, celle qui a été et restera dans le commun des mortels, une artiste qui s'est gravée un nom sur le panthéon de l'Art nouveau. Clémentine Yelnik est criante de tendresse dans ce rôle qui demande d'alterner simultanément la déraison et son inverse.
Intervient Camille Claudel, étrangère avec elle-même, ténébreuse dans le propos, angoissée avec le passé. L'inconscience lui inflige un désordre psychologique, lequel va évoluer vers une obsession aveugle, telle Médée qui criait justice, alors qu'elle était coupable d'avoir tué ses enfants. Camille Claudel n'a jamais fondé de famille et peut-être dénonce-t-elle la mort prématurée de son frère Charles-Henri, un an avant sa naissance. Elle s'emmure dans une solitude qui ravage la femme et atteint l'artiste. Rodin n'est pas étranger à cet état d'être. Nathalie Boutefeu interprète Camille Claudel à un moment crucial de sa vie, une parenthèse ouverte sur l'inconnu et la folie. L'expression des yeux de la comédienne dénonce avec une intensité prononcée cet entre-deux de l'existence de la sculptrice.
Vanessa Fonte joue Camille Claudel, jeune, artiste débutante et éprise de Rodin. Elle se réalise à travers ses sculptures, elle revendique son talent, elle aime Rodin, son maitre. Vanessa Fonte est convaincante d'assurance dans ce rôle qui assoit une nouvelle fois sa présence remarquée au théâtre.
Marie Montegani réalise une mise en scène avec trois tempéraments affirmés, lesquels se glissent par extrait dans la vie de Camille Claudel. Cette mise en scène dépoussière les clichés biographiques si souvent repris au théâtre et qui manquent d'originalité. Marie Montegani a posé sa touche personnelle en intégrant la vidéo et les images filmées, en jouant avec les fluidités de la technique, régie son et lumières. Une mise en scène aboutie qui subtilise le passé et ressuscite Camille Claudel une heure durant. Camille, Camille, Camille, l'histoire d'une artiste réécrite pour le théâtre.
Le texte de Sophie Jabès, une résonance biographique de l'existence de Camille Claudel déclinée en trois dimensions humaines, l'élève de Rodin, l'artiste et l'internée. Ce texte évoque par analogie des moments d'errance que Camille Claudel traduisit avec La Jeune fille à la gerbe, L'Implorante et Profonde pensée.
Si l'histoire est d'encre, ces œuvres sculptées dans la terre cuite, le bronze et le marbre, correspondent aux matériaux de la construction et de la déconstruction de l'homme.
La pièce, une succession de tableaux, lesquels prennent pour cadre le support vidéo où apparaît un Messager, interprété par Geneviève Dang. Il annonce la mort à chacune de ses interventions.
La scène révèle dans un clair-obscur une vieille femme assise sur un banc, laquelle entretient un monologue articulé entre confusion et sénilité. Le récit d'une vie qui suit le fil d'une pensée décousue. Clémentine Yelnik est Camille Claudel âgée, internée en psychiatrie à Montfavet. Elle est celle qui sait tout, celle qui a été et restera dans le commun des mortels, une artiste qui s'est gravée un nom sur le panthéon de l'Art nouveau. Clémentine Yelnik est criante de tendresse dans ce rôle qui demande d'alterner simultanément la déraison et son inverse.
Intervient Camille Claudel, étrangère avec elle-même, ténébreuse dans le propos, angoissée avec le passé. L'inconscience lui inflige un désordre psychologique, lequel va évoluer vers une obsession aveugle, telle Médée qui criait justice, alors qu'elle était coupable d'avoir tué ses enfants. Camille Claudel n'a jamais fondé de famille et peut-être dénonce-t-elle la mort prématurée de son frère Charles-Henri, un an avant sa naissance. Elle s'emmure dans une solitude qui ravage la femme et atteint l'artiste. Rodin n'est pas étranger à cet état d'être. Nathalie Boutefeu interprète Camille Claudel à un moment crucial de sa vie, une parenthèse ouverte sur l'inconnu et la folie. L'expression des yeux de la comédienne dénonce avec une intensité prononcée cet entre-deux de l'existence de la sculptrice.
Vanessa Fonte joue Camille Claudel, jeune, artiste débutante et éprise de Rodin. Elle se réalise à travers ses sculptures, elle revendique son talent, elle aime Rodin, son maitre. Vanessa Fonte est convaincante d'assurance dans ce rôle qui assoit une nouvelle fois sa présence remarquée au théâtre.
Marie Montegani réalise une mise en scène avec trois tempéraments affirmés, lesquels se glissent par extrait dans la vie de Camille Claudel. Cette mise en scène dépoussière les clichés biographiques si souvent repris au théâtre et qui manquent d'originalité. Marie Montegani a posé sa touche personnelle en intégrant la vidéo et les images filmées, en jouant avec les fluidités de la technique, régie son et lumières. Une mise en scène aboutie qui subtilise le passé et ressuscite Camille Claudel une heure durant. Camille, Camille, Camille, l'histoire d'une artiste réécrite pour le théâtre.
Philippe Delhumeau
06/10/2014
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