Les fusils de la mère Carrar ou le pacifisme selon Brecht…
de Bertolt Brecht
Mise en scène de Antonio Diaz-Florian
Avec Antonio Diaz-Florian, Emmanuel Georges, Valérie Haltebourg, Graziella Lacagnina, Tiphaine Sivade
Le théâtre de l’Epée de Bois restaure l’animisme pacifique de Bertolt Brecht dans une époustouflante mise en scène de la pièce Les Fusils de la mère Carrar d’Antonio Diaz Florian
Antonio Diaz Florian en relevant la prouesse scénique d’une mise en scène très émotionnelle, opte en metteur en scène engagé dans des valeurs qui nous sont chères comme la liberté, l’égalité et la fraternité, pour nous faire goûter une œuvre philosophique sur le combat de la vie et le combat tout court en choisissant de nous présenter, en son théâtre tout de bois construit, "Les Fusils de la mère Carrar".
En esthète de la dramaturgie, il conduit les spectateurs tant dans son rôle de metteur en scène que de comédien avec sa troupe là où l’actualité s’impose à nous contre notre gré nous invitant à l’issue de ce voyage théâtral haletant à « rester neutre » !
« Rester neutre » si l’on nous force à combattre, si l’on nous martyrise, c’est aussi remarquable que l’objection de conscience avec laquelle nous aimerions que tous les fusils tirent des fleurs. C’est en tout cas le plus sûr moyen comme l'algorithme de Dijkstra de nous protéger du mal et de la barbarie.
La politique de non intervention défendue par les démocraties occidentales vis-à-vis de la guerre civile espagnole a ainsi trouvé une réponse en ce texte de Brecht qui pacifie l’esprit et le cœur en tout état de cause et qui nous amène à réfléchir sur l’attitude à adopter face au scandale de toute guerre, de toute mort engendrée gratuitement et de manière volontaire .
Le temps d’enfourner le pain et de le laisser cuire, « la messe Brechtienne » est dite en un acte, et les fusils pointent leurs canons en réponse à la révolte d’une mère terrassée en point d’orgue par la mort de son fils.
Qui est Teresa Carrar ? Une femme au caractère bien trempé, un personnage joué tambour battant par Graziella Lacagnina dont le jeu passionné laisse imaginer à quel point une œuvre comme celle-là révèle l’humanité d’une ou d’un comédien en général.
Cette mère Carrar, veuve de guerre, souffrant terriblement de cette première fracture irréversible dans sa vie ne supporte plus l’once d’un combat sanguinaire au nom de l’orgueil et veut préserver le fruit de sa chair, ses deux fils de ce que la guerre lui a déjà volé .
Sermonnant le plus jeune de toutes ses forces, l’autre parti en mer à la pêche ne reviendra pas.
Le frère de Teresa, venu chercher les fusils de son défunt mari, la presse, des villageois aussi. Carrar résiste de tout son être. Devant le corps de son fils assassiné sur son bateau par une patrouille maritime alors qu'il pêchait de nuit, elle remet les trois fusils qu'elle tenait cachés.
Ce retournement de situation in extremis vaut- il qu’on se penche sur sa véracité? Il semblerait bien que l'acceptation de la mère ne sonne pas la fin d'un aveuglement mais laisse entrevoir un cri de rage et de douleur, une sorte de suicide complétement dément : Théâtre militant ? Coup de projecteur sur un drame de guerre ? Chacun peut y voir ce qu’il veut avec une perception toute personnelle n’écartant pas le fil conducteur de l’œuvre « une mère qui veut coûte que coûte éloigner ses enfants de la tourmente d’un conflit civil meurtrier »
Voilà ce qui détermine l’ésotérisme de cette œuvre : Les mots ne suffisent pas à engendrer le vrai. Il faut un langage plus manifeste comme celui du corps pour parler et laisser voir aux spectateurs les tourments et la souffrance d’une mère. En miroir féminin de l’œuvre d’August Strindberg « Père » Teresa Carrar a quelque-chose de cette névrose-là, maitrisée toutefois mais aux frontières extrêmes de l’aliénation mentale. Les affrontements qui animent la pièce ne sont autres que le reflet du déchirement intérieur de l'héroïne, sorte de mise en scène de l'éternelle conversation dont on s'entretient soi-même - la vie de l'esprit.
La création de la pièce aujourd’hui vient à point pour démentir ce constat de l’auteur et découvrir qu’au contraire, la didactique Brechtienne fonctionne ici parfaitement, qu’elle illustre avec limpidité la « bonne » politique et l’engagement nécessaire de chacun dans une époque et dans des évènements collant parfaitement au sujet.
Monument théâtral joué en un lieu tout aussi monumental « l’Epée de Bois » , dialogues en forme de réflexion intérieure, sont les ingrédients d’un travail ciselé au fil des jours, des mois et des années par un metteur en scène honorant la mémoire de l’œuvre de Brecht en son intégralité engagée dans un lieu dans lequel le théâtre est un film au souffle humain, ajouté de fragrances boisées pour enivrer notre esprit nourri d’une philosophie qu’on ne verra nulle part ailleurs .
En esthète de la dramaturgie, il conduit les spectateurs tant dans son rôle de metteur en scène que de comédien avec sa troupe là où l’actualité s’impose à nous contre notre gré nous invitant à l’issue de ce voyage théâtral haletant à « rester neutre » !
« Rester neutre » si l’on nous force à combattre, si l’on nous martyrise, c’est aussi remarquable que l’objection de conscience avec laquelle nous aimerions que tous les fusils tirent des fleurs. C’est en tout cas le plus sûr moyen comme l'algorithme de Dijkstra de nous protéger du mal et de la barbarie.
La politique de non intervention défendue par les démocraties occidentales vis-à-vis de la guerre civile espagnole a ainsi trouvé une réponse en ce texte de Brecht qui pacifie l’esprit et le cœur en tout état de cause et qui nous amène à réfléchir sur l’attitude à adopter face au scandale de toute guerre, de toute mort engendrée gratuitement et de manière volontaire .
Le temps d’enfourner le pain et de le laisser cuire, « la messe Brechtienne » est dite en un acte, et les fusils pointent leurs canons en réponse à la révolte d’une mère terrassée en point d’orgue par la mort de son fils.
Qui est Teresa Carrar ? Une femme au caractère bien trempé, un personnage joué tambour battant par Graziella Lacagnina dont le jeu passionné laisse imaginer à quel point une œuvre comme celle-là révèle l’humanité d’une ou d’un comédien en général.
Cette mère Carrar, veuve de guerre, souffrant terriblement de cette première fracture irréversible dans sa vie ne supporte plus l’once d’un combat sanguinaire au nom de l’orgueil et veut préserver le fruit de sa chair, ses deux fils de ce que la guerre lui a déjà volé .
Sermonnant le plus jeune de toutes ses forces, l’autre parti en mer à la pêche ne reviendra pas.
Le frère de Teresa, venu chercher les fusils de son défunt mari, la presse, des villageois aussi. Carrar résiste de tout son être. Devant le corps de son fils assassiné sur son bateau par une patrouille maritime alors qu'il pêchait de nuit, elle remet les trois fusils qu'elle tenait cachés.
Ce retournement de situation in extremis vaut- il qu’on se penche sur sa véracité? Il semblerait bien que l'acceptation de la mère ne sonne pas la fin d'un aveuglement mais laisse entrevoir un cri de rage et de douleur, une sorte de suicide complétement dément : Théâtre militant ? Coup de projecteur sur un drame de guerre ? Chacun peut y voir ce qu’il veut avec une perception toute personnelle n’écartant pas le fil conducteur de l’œuvre « une mère qui veut coûte que coûte éloigner ses enfants de la tourmente d’un conflit civil meurtrier »
Voilà ce qui détermine l’ésotérisme de cette œuvre : Les mots ne suffisent pas à engendrer le vrai. Il faut un langage plus manifeste comme celui du corps pour parler et laisser voir aux spectateurs les tourments et la souffrance d’une mère. En miroir féminin de l’œuvre d’August Strindberg « Père » Teresa Carrar a quelque-chose de cette névrose-là, maitrisée toutefois mais aux frontières extrêmes de l’aliénation mentale. Les affrontements qui animent la pièce ne sont autres que le reflet du déchirement intérieur de l'héroïne, sorte de mise en scène de l'éternelle conversation dont on s'entretient soi-même - la vie de l'esprit.
La création de la pièce aujourd’hui vient à point pour démentir ce constat de l’auteur et découvrir qu’au contraire, la didactique Brechtienne fonctionne ici parfaitement, qu’elle illustre avec limpidité la « bonne » politique et l’engagement nécessaire de chacun dans une époque et dans des évènements collant parfaitement au sujet.
Monument théâtral joué en un lieu tout aussi monumental « l’Epée de Bois » , dialogues en forme de réflexion intérieure, sont les ingrédients d’un travail ciselé au fil des jours, des mois et des années par un metteur en scène honorant la mémoire de l’œuvre de Brecht en son intégralité engagée dans un lieu dans lequel le théâtre est un film au souffle humain, ajouté de fragrances boisées pour enivrer notre esprit nourri d’une philosophie qu’on ne verra nulle part ailleurs .
Yves-Alexandre Julien
08/12/2015
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En décembre 1989, l'une des plus effroyables et dernière dictature communiste totalitaire à l'Est de l'Europe, s'écroule. Éclate alors le scandale : la découverte des orphelinats roumains. Les témoignages, à la limite du supportables, rapportent l'horreur...
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