Camille contre Claudel
de Hélène Zidi
Mise en scène de Hélène Zidi
Avec Lola Zidi, Hélène Zidi
Camille contre Claudel, l'histoire d'une femme éperdument amoureuse de la vie, le destin d'une artiste brisée sur les récifs de la misogynie de Rodin.
Hélène Zidi a écrit l'histoire de Camille Claudel pour la mettre en scène au Théâtre du Roi René sis en Avignon. La plume de l'auteure se révèle d'une beauté inouïe. Les mots habillent la jeune Camille Claudel de bonheur et d'amour, Camille à l'âge mûr est nourrie des désillusions d'un amour trahi, Camille vieille femme ressemble à un album de souvenirs couleur sépia. La narration fleure les émotions romantiques comme les exprimait si subtilement George Sand, des ondes de poésie rimant avec les petits plaisirs simples de la vie façon Colette, des ombres peuplées de turbulence intérieure à la Françoise Sagan. Hélène Zidi livre l'histoire intime et intense d'une femme et d'une artiste dont l'existence s'est dessinée entre lumière et clair-obscur.
Le plateau découvre l'ambiance d'un atelier de sculpture où ci et là sont posés des modèles de visages achevés ou en cours. Le visage d'Auguste Rodin exposé sur un tabouret haut semble vouloir exprimer des choses qu'il n'eût pu dire de son vivant. La lumière traversant l'atelier se pose avec délicatesse sur les travaux en cours de réalisation, fige la rigidité argileuse de Rodin et intimise l'espace comme si Camille Claudel était encore présente. Que reste-t-il de l'atelier ? Une respiration ? Un courant d'art ? Une ombre ?
Le pas trainant, Camille Claudel âgée rentre en scène. Ses horizons se limitent à l'évocation des souvenirs qui jalonnent sa mémoire. Sa mère, son frère Paul, sa sœur Louise, une galerie de portraits de famille décrochés du passé que Camille dépeint avec nostalgie et amertume. Cette mère qui feint de la connaitre le jour où en compagnie de Louise, elle accepta l'internement de sa fille.
Le froissement d'une robe sur le parquet et le pas vif annoncent l'entrée de Camille, belle comme la jeunesse qui inonde son corps de liberté et de volupté. Ardente des plaisirs que lui procure le quotidien, elle évolue dans un monde qu'elle a progressivement construit de rencontres et de matières. Un personnage fort de sa jeune existence se démarque, Auguste Rodin. Elève, elle s'initie à la sculpture dans l'atelier du maître. Passionnée par le façonnage de la matière, ses progrès considérables lui valent les félicitations de Rodin. Selon la sincérité de ses dires, une nouvelle et grande artiste est née. La relation amicale entre Camille et Rodin s'intensifie en une liaison amoureuse passionnée et charnelle. Les années passant, Camille travaille dans l'atelier de Rodin. L'esthétisme apporté à ses œuvres lui vaut une reconnaissance internationale. Les commandes remplissent l'atelier de Rodin qui feint sa joie en sournoiserie. Par l'expression manifeste de son art, Camille Claudel a pris une dimension auquel Rodin ne s'attendait pas au début de leur rencontre. Leur amour n'est plus, les sentiments de Rodin pour sa première maitresse ne s'étant jamais démentis, il refuse le mariage à Camille. L'artiste passe des heures dans l'atelier où elle créée L'Age mûr, un travail qui s'inspire de la rupture entre elle et son amant. L'artiste Camille fait de l'ombre à Rodin, ce dernier soutenu par la mère et Louise, la sur de Camille, décide d'un accord commun de la faire interner.
La privation d'exercer son art, les silences maternels, l'éloignement de Rodin isolent Camille de toute relation extérieure. L'alcool devient dès lors l'exutoire dans lequel elle trouve l'énergie de survivre. C'est ainsi qu'apparait sur la scène, Camille Claudel entre deux âges, lasse, écœurée de sa vie qui a été bafouée.
Le travail d'écriture de Hélène Zidi se rappelle dans la mise en scène où Camille se dédouble jeune et à l'âge mûr, jeune et âgée. Les travers de jeunesse de Camille sont repris dans un écho silencieux par l'autre Camille diminuée par l'alcool. Une conversation s'engage dans l'atelier entre les deux femmes qui sont là, sans y être, car l'une est le fantôme de l'autre. La confrontation est aveugle, les mots sont sourds, les regards se perdent vers un ailleurs insondable, les corps se frôlent sans se toucher, les consciences se blessent de l'intérieur à l'évocation de Rodin.
Hélène Zidi réalise une mise en scène sculpturale sur la vie passionnée et bouleversée de Camille Claudel. Le travail de fond est remarquable dans l'intérêt porté tant à la femme qu'à l'artiste. L'intimité et l'art se mêlent adroitement sans se confondre dans un cercle fait d'amour, d'illusions et d'infidélité. La déclinaison de Camille à différentes étapes de sa vie donne naissance à un travail scénique richement documenté. L'argumentation illustre les périodes de bonheur avec insouciance et intensifie les clairs-obscurs mystifiant les vérités en mensonges. Cette mise en scène, c'est de l'Art de théâtre avec un A majuscule.
Dans les interprétations respectives, Lola Zidi est simplement belle et impressionnante dans le rôle de la jeune Camille. Elle s'impose dans son rôle avec une prise de corps et d'âme, à croire que Lola Zidi et Camille Claudel ne faisait qu'un. La comédienne est exceptionnelle tant dans l'aisance apportée à son jeu que dans les chorégraphies menées avec entrain et insolence. Hélène Zidi interprète Camille à l'âge mûr et âgée avec une telle profondeur manifestée dans le personnage qu'elle ressuscite la Camille des périodes de doute et d'abandon. Rodin a eu raison de son intimité, de son art, de sa liberté et de sa vie. Camille en ressort affaiblie et aigrie, mais toujours digne. Hélène Zidi, une artiste entière et sincère qui donne envie d'embrasser Camille Claudel blessée par les revers de Rodin.
Camille contre Claudel, le texte est d'une grande sensibilité, la mise en scène est un chef d'œuvre artistique et technique, Lola Zidi et Hélène Zidi sont magistrales.
Le plateau découvre l'ambiance d'un atelier de sculpture où ci et là sont posés des modèles de visages achevés ou en cours. Le visage d'Auguste Rodin exposé sur un tabouret haut semble vouloir exprimer des choses qu'il n'eût pu dire de son vivant. La lumière traversant l'atelier se pose avec délicatesse sur les travaux en cours de réalisation, fige la rigidité argileuse de Rodin et intimise l'espace comme si Camille Claudel était encore présente. Que reste-t-il de l'atelier ? Une respiration ? Un courant d'art ? Une ombre ?
Le pas trainant, Camille Claudel âgée rentre en scène. Ses horizons se limitent à l'évocation des souvenirs qui jalonnent sa mémoire. Sa mère, son frère Paul, sa sœur Louise, une galerie de portraits de famille décrochés du passé que Camille dépeint avec nostalgie et amertume. Cette mère qui feint de la connaitre le jour où en compagnie de Louise, elle accepta l'internement de sa fille.
Le froissement d'une robe sur le parquet et le pas vif annoncent l'entrée de Camille, belle comme la jeunesse qui inonde son corps de liberté et de volupté. Ardente des plaisirs que lui procure le quotidien, elle évolue dans un monde qu'elle a progressivement construit de rencontres et de matières. Un personnage fort de sa jeune existence se démarque, Auguste Rodin. Elève, elle s'initie à la sculpture dans l'atelier du maître. Passionnée par le façonnage de la matière, ses progrès considérables lui valent les félicitations de Rodin. Selon la sincérité de ses dires, une nouvelle et grande artiste est née. La relation amicale entre Camille et Rodin s'intensifie en une liaison amoureuse passionnée et charnelle. Les années passant, Camille travaille dans l'atelier de Rodin. L'esthétisme apporté à ses œuvres lui vaut une reconnaissance internationale. Les commandes remplissent l'atelier de Rodin qui feint sa joie en sournoiserie. Par l'expression manifeste de son art, Camille Claudel a pris une dimension auquel Rodin ne s'attendait pas au début de leur rencontre. Leur amour n'est plus, les sentiments de Rodin pour sa première maitresse ne s'étant jamais démentis, il refuse le mariage à Camille. L'artiste passe des heures dans l'atelier où elle créée L'Age mûr, un travail qui s'inspire de la rupture entre elle et son amant. L'artiste Camille fait de l'ombre à Rodin, ce dernier soutenu par la mère et Louise, la sur de Camille, décide d'un accord commun de la faire interner.
La privation d'exercer son art, les silences maternels, l'éloignement de Rodin isolent Camille de toute relation extérieure. L'alcool devient dès lors l'exutoire dans lequel elle trouve l'énergie de survivre. C'est ainsi qu'apparait sur la scène, Camille Claudel entre deux âges, lasse, écœurée de sa vie qui a été bafouée.
Le travail d'écriture de Hélène Zidi se rappelle dans la mise en scène où Camille se dédouble jeune et à l'âge mûr, jeune et âgée. Les travers de jeunesse de Camille sont repris dans un écho silencieux par l'autre Camille diminuée par l'alcool. Une conversation s'engage dans l'atelier entre les deux femmes qui sont là, sans y être, car l'une est le fantôme de l'autre. La confrontation est aveugle, les mots sont sourds, les regards se perdent vers un ailleurs insondable, les corps se frôlent sans se toucher, les consciences se blessent de l'intérieur à l'évocation de Rodin.
Hélène Zidi réalise une mise en scène sculpturale sur la vie passionnée et bouleversée de Camille Claudel. Le travail de fond est remarquable dans l'intérêt porté tant à la femme qu'à l'artiste. L'intimité et l'art se mêlent adroitement sans se confondre dans un cercle fait d'amour, d'illusions et d'infidélité. La déclinaison de Camille à différentes étapes de sa vie donne naissance à un travail scénique richement documenté. L'argumentation illustre les périodes de bonheur avec insouciance et intensifie les clairs-obscurs mystifiant les vérités en mensonges. Cette mise en scène, c'est de l'Art de théâtre avec un A majuscule.
Dans les interprétations respectives, Lola Zidi est simplement belle et impressionnante dans le rôle de la jeune Camille. Elle s'impose dans son rôle avec une prise de corps et d'âme, à croire que Lola Zidi et Camille Claudel ne faisait qu'un. La comédienne est exceptionnelle tant dans l'aisance apportée à son jeu que dans les chorégraphies menées avec entrain et insolence. Hélène Zidi interprète Camille à l'âge mûr et âgée avec une telle profondeur manifestée dans le personnage qu'elle ressuscite la Camille des périodes de doute et d'abandon. Rodin a eu raison de son intimité, de son art, de sa liberté et de sa vie. Camille en ressort affaiblie et aigrie, mais toujours digne. Hélène Zidi, une artiste entière et sincère qui donne envie d'embrasser Camille Claudel blessée par les revers de Rodin.
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Philippe Delhumeau
19/06/2016
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