Le tabou
de Compagnie ACTS
Mise en scène de Sophie Scheidt
Avec Emilie Rigaud, Simon Attia, Alexis Bernheim, Olivier Calcada, Morgane Robin, Sophie Scheidt, Joachim Sontag
Quand le traumatisme de la guerre fait partie intégrante de l'héritage familial, c'est 'Le tabou'. Une pièce de la compagnie ACTS.
Quand le traumatisme de la guerre fait partie intégrante de l'héritage familial, c'est 'Le tabou'. Une pièce de la compagnie ACTS comportant quatre acteurs, une chanteuse/traductrice/narratrice et un musicien mettant en uvre leurs talents pour une découverte théâtrale.
La plupart du temps, une interprète en langue des signes traduit le langage verbal. 'Le tabou' nous offre l'expérience inverse. La pièce est intégralement interprétée en langue des signes tandis qu'une narratrice pose sa douce voix afin de compléter l'histoire déroulée sous nos yeux. Je dis bien "compléter" car elle ne remplace pas la parole des acteurs. Ainsi deux spectacles ont lieu, le narré et le signé.
Passé l'étrangeté de cette découverte, il y a l'hisoire dont les scènes voguent entre présent et passé. Elnora cherchant initialement l'identité de son père, se retrouve plongée dans une histoire d'amour entre sa grand-mère Rosela et un officier allemand, Hans. Elle épluche les lettres et souvenirs du grenier, quand doucement sous ses yeux se déroulent les scènes d'antan. Physiquement présente parmi les fantômes du passé, elle s'efface peu à peu leur laissant tout l'espace scénique créant des transitions fluides.
Dans ce drame, il y a donc la curieuse Elnora, en quête de verité, Rosela, douce et têtue coincée entre l'honneur et l'amour. Puis Malo le proprietaire du café, un jeune garçon sympathique mais endetté. Le père de Rosela, Merlin, est un homme profondément blessé aimant tendrement sa fille. Enfin il y a Hans, faisant partie de l'armée nazie, sensible et terrifiant.
Contrairement à la majorité des spectateurs présents ce soir là, je ne parle pas la langue des signes. Cependant, au fur et à mesure des scènes, mon regard s'habitue aux gestes, commence à en comprendre certains. La barrière s'amenuise. Je regarde l'officier allemand qand il raconte la guerre, le visage défiguré, extasié par la guerre, les yeux exorbités, terrifiants. Ses mains, expressions et bruits percutant le silence me plongent immédiatemment au champ de bataille. La narratrice ne parle pas, l'image est claire, frappante, et imprègne tout le théâtre.
En réalité, tous les comédiens se fondent totalement dans leurs personnages, ainsi ils reconstituent le quotidien de civils durant la seconde guerre mondiale en France. Leurs émotions, leurs intentions sont palpables et percutantes.
Même si l'histoire reste simple et recyclée, elle reste bien amenée et nous renvoie à ces êtres humains dont les émotions et relations se sont vus éternellement changées par la guerre. Individus que nous oublions souvent, pourtant actuels. Cependant, de merveilleux moments ponctuent l'histoire et l'Histoire. Ce par le chantsigné, c'est à dire la langue des signes comme chorégraphie, un vrai travail du corps. Les acteurs sont synchronisés, la chanteuse de sa voix claire et forte entame 'Le chant des partisans' sur quelques notes de basses, graves, intenses. Le tout est puissant. L'ouvrier, le paysan, le camarde sont là devant nous.
Ainsi, on dit l'amour, la peur sur scène, on dit et chante Edith Piaf aussi.
La création sonore participe entièrement à l'atmosphère de la pièce, variant les sons, les textures. Le bémol est peut-être que la musique est dans la même lourdeur que le propos. Elle intensifie parfois trop le côté plombant de la pièce. De même pour les lumières qui sont comme de gros écriteaux indiquant des changements d'ambiance. Toutefois, elle est aussi très utile pour enlever des moments hors du temps, pour faire abstraction du cheminement de l'histoire afin de mettre en avant la parole et l'émotion d'un personnage.
Quoi qu'il en soit, cette pièce comporte de très belle leçon de mise en scène, les corps, les mouvements offrent énormément de poésie et des symboliques très fortes. Chaque tableau est pertinent, et je ne peux m'empêcher de me remémorer l'échange de livres entre Hans et Rosela, rapide, intense, qui n'a qu'un but, le partage et la connaissance de l'autre. Tout comme cette pièce, le partage de deux langues, l'envie d'agrandir la place faite aux sourds et muets dans la culture, dans l'accès à a culture. Finalement, l'envie de renouveler cette expérience, d'aller vers l'autre.
La plupart du temps, une interprète en langue des signes traduit le langage verbal. 'Le tabou' nous offre l'expérience inverse. La pièce est intégralement interprétée en langue des signes tandis qu'une narratrice pose sa douce voix afin de compléter l'histoire déroulée sous nos yeux. Je dis bien "compléter" car elle ne remplace pas la parole des acteurs. Ainsi deux spectacles ont lieu, le narré et le signé.
Passé l'étrangeté de cette découverte, il y a l'hisoire dont les scènes voguent entre présent et passé. Elnora cherchant initialement l'identité de son père, se retrouve plongée dans une histoire d'amour entre sa grand-mère Rosela et un officier allemand, Hans. Elle épluche les lettres et souvenirs du grenier, quand doucement sous ses yeux se déroulent les scènes d'antan. Physiquement présente parmi les fantômes du passé, elle s'efface peu à peu leur laissant tout l'espace scénique créant des transitions fluides.
Dans ce drame, il y a donc la curieuse Elnora, en quête de verité, Rosela, douce et têtue coincée entre l'honneur et l'amour. Puis Malo le proprietaire du café, un jeune garçon sympathique mais endetté. Le père de Rosela, Merlin, est un homme profondément blessé aimant tendrement sa fille. Enfin il y a Hans, faisant partie de l'armée nazie, sensible et terrifiant.
Contrairement à la majorité des spectateurs présents ce soir là, je ne parle pas la langue des signes. Cependant, au fur et à mesure des scènes, mon regard s'habitue aux gestes, commence à en comprendre certains. La barrière s'amenuise. Je regarde l'officier allemand qand il raconte la guerre, le visage défiguré, extasié par la guerre, les yeux exorbités, terrifiants. Ses mains, expressions et bruits percutant le silence me plongent immédiatemment au champ de bataille. La narratrice ne parle pas, l'image est claire, frappante, et imprègne tout le théâtre.
En réalité, tous les comédiens se fondent totalement dans leurs personnages, ainsi ils reconstituent le quotidien de civils durant la seconde guerre mondiale en France. Leurs émotions, leurs intentions sont palpables et percutantes.
Même si l'histoire reste simple et recyclée, elle reste bien amenée et nous renvoie à ces êtres humains dont les émotions et relations se sont vus éternellement changées par la guerre. Individus que nous oublions souvent, pourtant actuels. Cependant, de merveilleux moments ponctuent l'histoire et l'Histoire. Ce par le chantsigné, c'est à dire la langue des signes comme chorégraphie, un vrai travail du corps. Les acteurs sont synchronisés, la chanteuse de sa voix claire et forte entame 'Le chant des partisans' sur quelques notes de basses, graves, intenses. Le tout est puissant. L'ouvrier, le paysan, le camarde sont là devant nous.
Ainsi, on dit l'amour, la peur sur scène, on dit et chante Edith Piaf aussi.
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Quoi qu'il en soit, cette pièce comporte de très belle leçon de mise en scène, les corps, les mouvements offrent énormément de poésie et des symboliques très fortes. Chaque tableau est pertinent, et je ne peux m'empêcher de me remémorer l'échange de livres entre Hans et Rosela, rapide, intense, qui n'a qu'un but, le partage et la connaissance de l'autre. Tout comme cette pièce, le partage de deux langues, l'envie d'agrandir la place faite aux sourds et muets dans la culture, dans l'accès à a culture. Finalement, l'envie de renouveler cette expérience, d'aller vers l'autre.
Thiery Lola
18/03/2018
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Mise en scène de GÉrard Rauber
Ce spectacle musical, orchestré par le génial metteur en scène Gérard Rauber, réunit un quatuor de talents exceptionnels pour nous emporter dans un voyage époustouflant à travers l’univers de Jean-Sébastien Bach ou en rapport à son œuvre comme cet étonnant et pétillant « 12345 »...
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