La Reine morte
de Henry De Montherlant
Mise en scène de Jean-Luc Jeener
Avec Marta Corton Vinals, Philippe Desboeuf, Dimitri Fornasari, Rémi Godement, Eliezer Mellul, Alain Pretin, Jean Tom, Sara Viot
''Puisque la scène figure le grand théâtre du monde, que les comédiens endossent les habits de l’humanité, le spectateur doit aussi participer à la construction de ce mystère pour pouvoir recevoir les fruits de cette re-création.'' Jean-Luc Jeenner
Une salle du palais royal à Montemor-o-velho au Portugal. Le roi Ferrante, âgé, usé, "las de sa cour, las du pouvoir, las de la vie" intime à son fils Don Pedro, son unique fils et seul enfant, d’épouser la jeune Infante de Navarre dont le tempérament ardent et viril compenserait avantageusement le caractère plus indolent de son fils. Mariage de raison, alliance territoriale et politique au profit du royaume et de Dieu. Mais ce fils trop sentimental, privilégiant l’Amour à l’Etat, refuse sans concession, taisant son mariage secret avec Dona Inès de Castro. C’est elle, dans un entretien avec le roi, portée par l’amour de l’enfant à naître et la pureté de ses sentiments, qui parle jusqu’à l’ébranler, lui condamné pourtant par la logique du pouvoir. Comment tuer une femme ?Toute position chrétienne partagée ou pas, sensibilité et rigueur théâtrale s’imposent lorsque Jean-Luc Jeener accueille dans son théâtre. Un public informé s’y presse pour y voir et écouter un texte d’une grande splendeur spirituelle qui enrichit la présentation de l’Intégrale de Montherlant présentée jusqu’au mois de juin. Oui ! Un théâtre de l’incarnation ! Jean-Luc Jeener en invitant Philippe Desbuf, compagnon de route de Jean Vilar doté de la même intégrité, démontre sa perspicacité dans le choix des acteurs. Le chef d’uvre de Montherlant écrit en 1952, si actuel, servi par un comédien d’une présence impressionnante. Cet homme, au physique étonnant doté d’un visage incisif, frappé comme une médaille, impressionne d’autorité faisant vivre l’usure de ce roi prisonnier de puissants dilemmes. Philippe Desbuf, par son jeu sobre et concentré, grave chez les spectateurs des images qui s’imposent à la mémoire sans nuire de la moindre façon à la présence des autres comédiens, unis dans cette liturgie, chacun déclinant avec justesse les relations possibles au Divin, de proximité ou de distance, évidentes ou brouillées.Héros tragique, Ferrante est un homme exposé à la solitude. Solitude du pouvoir et des sentiments. Mort de l’épouse, fils surtout en lequel il ne peut projeter aucune reconnaissance. Solitude psychologique, politique sans doute, mais bien davantage solitude spirituelle confronté au mystère de sa nature divine. Un cur longtemps sec, par devoir, des crimes nécessaires par raison d’état, une clairvoyance assumée tenant bride à l’expression du remords et de la douleur... Mais tout de même... comment Dieu parle-t-il en lui ? Bien qu’acceptant son assassinat par raison de conseillers, l’un aux raisons fangeuses, mais en acceptant d’être ému par elle et en mourant, Ferrante n’exprime-t-il pas dans cette confrontation à Dona Inès, à sa pureté, sa naïveté, la certitude de sa vérité dans l’Amour, la part de Dieu en lui-même ?Dans une scénographie excluant par choix tout réalisme anecdotique et accordant le primat au texte lu avec acuité, Jean-Luc Jeener et ses comédiens rapprochent le public d’une interrogation sur la condition humaine. Qu’en est-il de la liberté humaine ? Qu’est-ce qu’aimer, qu’est-ce que gouverner ? Aimer et gouverner sont-il antinomiques face à un Dieu peut-être improbable ou aux desseins impénétrables pour sa créature ? Comment penser le Mal ? Un rachat possible est-il envisageable ? Quel est le sens de la mort pour cet homme que l’exigence de sa charge a rendu à la fois aride, néanmoins en quête de sa propre humanité ? Des questions qui s’adressent aussi sans doute à nous... Montherlant ouvre les voies à toutes les interprétations et ce Théâtre-là est capable d’émouvoir charnellement car il évoque les tensions au cur de l’homme, sa fréquentation des abîmes, ses verrous et ses espérances de lumière et d’ouverture.
Marie-José Pradez
04/03/2007
AVIGNON
L'ORIFLAMME
Mise en scène de Patrick Zard'
En décembre 1989, l'une des plus effroyables et dernière dictature communiste totalitaire à l'Est de l'Europe, s'écroule. Éclate alors le scandale : la découverte des orphelinats roumains. Les témoignages, à la limite du supportables, rapportent l'horreur...
L'avis de Geneviève Brissot
L'ORIFLAMME
AVIGNON
Les enfants du diable
de Clemence BaronMise en scène de Patrick Zard'
En décembre 1989, l'une des plus effroyables et dernière dictature communiste totalitaire à l'Est de l'Europe, s'écroule. Éclate alors le scandale : la découverte des orphelinats roumains. Les témoignages, à la limite du supportables, rapportent l'horreur...
L'avis de Geneviève Brissot
PARIS
Lucernaire
"Come Bach" : Un quatuor virtuose qui réinvente les classiques
de Gérard Rauber
Mise en scène de GÉrard Rauber
Lucernaire
"Come Bach" : Un quatuor virtuose qui réinvente les classiques
de Gérard Rauber
Mise en scène de GÉrard Rauber