Cambodge me voici
de Jean-Baptiste Phou
Mise en scène de Jean-Baptiste Phou
Avec Sonadie San, Ravie Khing, Vantha Talisman, Roat Chaya, Rotha Moeng (voix)
Le mal du pays khmer sur une scène parisienne.
Si la pièce de Jean-Baptiste Phou nous touche au cur, c’est parce qu’elle est vrai au sens du "Mentir vrai" d’Aragon. La salle ne s’y trompe pas qui vibre et rit et pleure même parfois. A travers la vie fictive de quatre femmes, ce que nous raconte ce jeune auteur (par ailleurs comédien et merveilleux chanteur), c’est la difficile relation de la diaspora khmère à son pays. Nés ici de parents réfugiés, ou ayant quitté le Cambodge avant ou après le cataclysme khmer rouge, les Khmers de France vivent sans doute tous quelque chose de très fort avec "un pays fantasmé, détesté, retrouvé", comme le dit l’auteur lui-même. Une quête que chacun vit comme il peut, une lutte qui peut prendre des années contre les peurs, les tabous, les clichés, le confort, les habitudes. Jean Baptiste Phou a eu le courage et l’énergie de mettre des mots sur cette réalité-là très peu traitée, pas toujours flatteuse, assez peu vendeuse...A un moment, celui du procès des Khmers rouges, où la parole sur les années Pol Pot émerge enfin (même si mal, même si pas assez, même si tronquée), c’est bien qu’un jeune homme parle sans pudeur, sans langue de bois, de son pays car c’est le sien, nul doute, malgré la parfaite intégration. En parle par la voix de quatre femmes qui se rencontrent par hasard dans la salle d’attente du consulat du Cambodge à Paris.Toutes viennent chercher leur visa. Il y a Mom, si fragile sous son côté bling bling, jouée par Vantha Talisman, une actrice du petit et grand écran (L’Odeur de la papaye verte) qui va chercher un "petit bout" du Cambodge, un enfant ; il y a Sovandara interprétée par Ravie Khing qui en a plein la bouche de son François, le Français qu’elle va épouser ; l’émouvante Sonadie San dans la peau de Sophea, une jeune fille de mère cambodgienne qui n’a jamais été là-bas ; le beau personnage de Metha, de sang plus ou moins royal, privilégiée qui n’a pas connu le séisme, que joue très justement Roat Chaya. Il y a l’amour et la haine mêlées pour ce petit pays pas comme les autres, la culpabilité de ne pas avoir été victime, la souffrance et la rage de l’avoir été, la volonté farouche de s’en détacher enfin, à jamais, et l’impossibilité de le faire, l’émotion qui submerge quand on pose le pied à Phnom Penh, les odeurs, les couleurs, la tiédeur de l’air...Commencée sur un mode léger, un peu café du commerce (piques, réparties, plaisanteries), la pièce devient sombre (notamment quand une voix inquisitrice et froide, celle de Rotha Mng, fait surgir le passé), puis grave. D’une gravité heureuse portée dans la dernière scène par Sophea, la jeune femme métisse si brûlante du désir de rencontrer cette terre dont elle ne connait pourtant rien sauf un lapin pendentif autour de son cou, pendentif, donné par sa mère cambodgienne. Ce lapin, c’est le lièvre facétieux des contes cambodgiens. Cette pièce, c’est un conte, un voyage qui nous embarque d’une banale et morne salle d’attente jusqu’au pays merveilleux de la terre et de l’eau. Un pays qui a besoin pour se relever, pour retrouver sa place (qui fut grande), des forces et des talents des Khmers de France et d’ailleurs. C’est ce que nous dit Cambodge me voici et c’est bien !
Dane Cuypers
05/04/2011
Réservations au 01 45 46 86 88. Renseignements : [site]
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