Fragments d’un pays lointain
de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène de Jean-Pierre Garnier
Avec Maxime Le Gac Olanié, Arthur Verret, Makita Samba, Anne Loiret, Mathieu Métral, Camille Bernon, Loulou Hanssen, Inga Koller, Benjamin Guillet, Harrison Arevalo, Sophie Van Everdingen
Le premier jour du reste de la vie de Louis.
"Plus tard, l’année d’après j’allais mourir à mon tour j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai l’année d’après...", extrait de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde. Pièce écrite à Berlin en 1990, l’auteur affecté du virus du sida signe une pièce qui aborde le thème de l’homosexualité.1990-2013, près d’un quart de siècle que les politiques débattent dans les hémicycles à propos de la légitimité civile des homosexuels. Deux clans foulent le macadam et refoulent à coup de slogans leurs opinions, les anti vs les pour. La question sociale dépasse l’entendement immédiat et intime, la famille."La famille, celle-là dont on hérita ou qui hérita de vous", extrait de la présentation du Pays lointain de Jean-Luc Lagarce. Déclarer son homosexualité à ses parents ou fuir, Louis a opté pour la seconde solution. Une quinzaine d’années passées à vivre à Paris, à faire des rencontres d’une heure, d’une journée et rarement plus longtemps. Excepté, l’ami de longue date qui partage l’existence de Louis, les jours et les nuits en pointillé. Louis a un amant, un amour qui effeuille le présent greffé de bonheur et de doute, de rires et de larmes jusqu'au jour où la mort les séparera... "Plus tard, l’année d’après j’allais mourir à mon tour".Louis décide revenir sur ses pas, interrompre cette absence de plusieurs années avec sa famille. La maladie lui laissant peu de répit, il veut régler toute sa vie en retrouvant les siens dans cette maison dont il connaissait les respirations. Arrivés à destination avec l’ami de longue date, il retient son souffle, l’appréhension de revoir sa mère, sa sur et son frère. Lagarce avait peuplé Pays lointain avec cinq personnages, Jean-Pierre Garnier a comblé Fragments d’un pays lointain avec onze personnages.A chaque rencontre de Louis, s’assoit une histoire d’amitié, une passion amoureuse, aussi éphémère soit-elle. Louis aime les hommes de toute condition sociale, nombreux seront-ils à se glisser dans son intimité et à repartir aussi discrètement. Des amantes, peu furent-elles à se laisser aller à des caresses et amies de Louis, elles deviendront."La famille qu’on voulut se choisir, la famille secrète, celle-là qui parfois ne sait même pas qu’on se la construisit sans bruit", suite de l’extrait de la présentation du Pays lointain de Jean-Luc Lagarce. Louis s’est forgé une nouvelle famille, une famille secrète, depuis qu’il a abandonné sa mère, sa sur et son frère, quinze plus tôt.De ville en ville d’Europe, Louis voyage et s’éprend toujours de connaissances d’une heure, d’un jour.La scénographie intègre la vidéo. Sur un écran dimensionné à l’existence inachevée de Louis, l’égo de Lagarce, se définit en noir et blanc avec l’ami de longue date et d’autres hommes.De ses voyages, Louis adresse des cartes postales elliptiques à sa mère et à sa sur, "Je vais bien et j’espère qu’il en va de même pour vous". Des mots répétés comme pour s’excuser d’être parti, des cartes qui, simultanément, rassurent et bouleversent. Les retrouvailles, des étreintes qui feignent de sincérité. La mère, Anne Loiret, l’enserre, l’embrasse et lui pardonne ce départ. Suzanne la petite sur, Camille Bernon, se montre tour à tour radieuse et révoltée, présente et effacée. Antoine le frère, Mathieu Métral, se révèle sensible et brutal, soucieux et distant.
Jean-Pierre Garnier tient éloigner Louis, Maxime le Gac Olanié, de la tension qui évolue autour de la table. Louis écoute, cligne des yeux, répond aux banalités et l’ami de longue date, Arthur Verret, s’interpose avec sagacité dès que le ton monte.Dans cette reconstruction familiale, les bases s’ébranlent et les silences actionneront la mécanique des interdits, l’homosexualité et le sida.Les amis de la famille secrète, Hélène, Inga Koller, le garçon, Benjamin Guillet, le guerrier, Harrison Arevalo et l’infirmière, Sophie Van Everdingen, marqueront leur présence de toutes les situations. La mort de l’amant, Makita Samba, trouble l’élégance des rapports d’homme à homme.Au-delà de la passion charnelle, l’écriture de Lagarce s’ouvre sur des territoires que seul le théâtre peut réunir sur sa scène, l’humanité. Jean-Pierre Garnier s’en est librement inspiré pour réinventer l’histoire de Jean-Luc Lagarce en celle de Louis dans une mise en scène où les personnages et les comédiens ne font qu’un dans leur rôle respectif. Dans un décor de fin des années quatre-vingt, la machine à écrire et le téléphone rappellent une époque où la matérialité des éléments n’empêchaient pas de créer des relations directes.Toute la mise en scène de Fragments d’un pays lointain est orientée en ce sens et les comédiens le restituent avec la fougue et la générosité de leur jeunesse. C’est une pièce qui se lit avec les mots d’Arthur Rimbaud et s’écoute avec les mélodies poivrées de Serge Gainsbourg.La scénographie et les lumières d’Yves Collet témoignent de la singularité du texte de Lagarce en insufflant une nouvelle profondeur à la scène. L’essentiel de Pays lointain se fragmente de rencontres et de découvertes, le drame atteste de la vérité, le théâtre se veut rationnel et lyrique. Les comédiens respirent la narration avec intensité, le metteur en scène s’est appliqué sans calque à dessiner Fragments d’un pays lointain avec des traits de vie et de mort aussi. C’est l’élégance du théâtre rapportée à l’exigence de l’écriture.
Jean-Pierre Garnier tient éloigner Louis, Maxime le Gac Olanié, de la tension qui évolue autour de la table. Louis écoute, cligne des yeux, répond aux banalités et l’ami de longue date, Arthur Verret, s’interpose avec sagacité dès que le ton monte.Dans cette reconstruction familiale, les bases s’ébranlent et les silences actionneront la mécanique des interdits, l’homosexualité et le sida.Les amis de la famille secrète, Hélène, Inga Koller, le garçon, Benjamin Guillet, le guerrier, Harrison Arevalo et l’infirmière, Sophie Van Everdingen, marqueront leur présence de toutes les situations. La mort de l’amant, Makita Samba, trouble l’élégance des rapports d’homme à homme.Au-delà de la passion charnelle, l’écriture de Lagarce s’ouvre sur des territoires que seul le théâtre peut réunir sur sa scène, l’humanité. Jean-Pierre Garnier s’en est librement inspiré pour réinventer l’histoire de Jean-Luc Lagarce en celle de Louis dans une mise en scène où les personnages et les comédiens ne font qu’un dans leur rôle respectif. Dans un décor de fin des années quatre-vingt, la machine à écrire et le téléphone rappellent une époque où la matérialité des éléments n’empêchaient pas de créer des relations directes.Toute la mise en scène de Fragments d’un pays lointain est orientée en ce sens et les comédiens le restituent avec la fougue et la générosité de leur jeunesse. C’est une pièce qui se lit avec les mots d’Arthur Rimbaud et s’écoute avec les mélodies poivrées de Serge Gainsbourg.La scénographie et les lumières d’Yves Collet témoignent de la singularité du texte de Lagarce en insufflant une nouvelle profondeur à la scène. L’essentiel de Pays lointain se fragmente de rencontres et de découvertes, le drame atteste de la vérité, le théâtre se veut rationnel et lyrique. Les comédiens respirent la narration avec intensité, le metteur en scène s’est appliqué sans calque à dessiner Fragments d’un pays lointain avec des traits de vie et de mort aussi. C’est l’élégance du théâtre rapportée à l’exigence de l’écriture.
Philippe Delhumeau
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