Chansons sans gêne
de Nathalie Joly
Mise en scène de Simon Abkarian
Avec Jean-Pierre Gesbert
Lorsque de grands artistes rendent hommage à une très grande dame, cela crée un spectacle magnifique et vibrant. "A Yvette Guilbert. Avec tout notre amour."
Le triptyque est enfin monté. Il aura fallu plusieurs années à Nathalie Joly pour raconter, partager et vivre sur scène la vie et la carrière, incroyables, d’Yvette Guilbert. Yvette, que son nom nous soit familier ou pas, elle fait partie de notre histoire ; l’histoire de la chanson, l’histoire de la France, l’histoire des femmes. Une personnalité forte, une femme du XIXe siècle soucieuse de conter la vie de son époque et la condition des femmes. Des mélodies et des textes qui résonnent encore aujourd'hui.
Il y a eu Un je ne sais quoi (1er épisode) et En v’là une drôle d’affaire (2e épisode) pour raconter la carrière d’Yvette Guilbert, ses déboires sur scène, ses succès, son amour et ses correspondances avec Sigmund Freud, puis son exil en Amérique et l’ouverture de son école d’artiste pour filles... Oui, Yvette, c’était une grande dame ! Et ce jusqu’à sa mort. Avec beaucoup de passion, de respect et d’amour pour cette artiste, Nathalie Joly nous dévoile les dernières années d’Yvette et son combat incessant en faveur de l’émancipation de la femme, de sa reconnaissance, de sa liberté... Et pour l’épauler dans cette magnifique croisade, Nathalie Joly peut compter sur le soutien de son ami et acolyte Jean-Pierre Gesbert, au piano et en duo avec elle depuis le début de l’œuvre sur Yvette Guilbert. Partenaire de premier ordre, leur travail sonne comme deux cœurs à l’unisson et leur attachement crée une complicité touchante et sincère sur scène.
Nathalie Joly s’entoure également d’un metteur en scène de choix en la personne de Simon Abkarian, artiste comédien, danseur, chanteur, metteur en scène, crooneur... Une personne passionnée et passionnante à l’œil aiguisé et au cœur grand ouvert pour partager. Il apporte une profondeur à ce troisième volet. Exit tous les repères des spectacles précédents, il purifie la scène. Plus de tapis, ni de paravent ou autre décor, plus de peignoir asiatique, allant même jusqu’à changer l’orientation du piano. Jean-Pierre Gesbert est dos au public, mais l’on peut désormais se régaler de ses doigts courant sur les notes nacrées. Tout est épuré et on en vient à l’essentiel, la voix, la musique et les mots. Il joue avec la scène, sa profondeur, ses murs, ses possibilités. Et aussi avec les lumières, des découpes marquées qui centrent le regard à des endroits précis, des jeux d’ombre... et des projections en film noir et blanc. On oscille dans un passé pas si lointain, un univers vintage de voyous et de pin-up que Simon Abkarian affectionne particulièrement. On note également une direction d’acteur qui sort Nathalie Joly de sa zone de confort, dans son interprétation du personnage et de ses chansons. Tantôt femme fatale, tantôt rock, voire légèrement punk, ils déconstruisent l’image de base pour s’approprier les chansons d’Yvette et en livrer une interprétation profonde et ressentie.
Dans un univers sombre de cabaret, sur une scène vide, le pianiste fume et se sert un bon whisky. Il pianote dans cette ambiance de tripot lorsqu'apparaît derrière le rideau de voile blanc, la grande vedette, Yvette Guilbert. Elle a à présent une longue carrière derrière elle, elle a conquis le public à force de travail et d’acharnement et aujourd'hui, on célèbre son triomphe au cinéma, à l’âge de 60 ans. Elle est l’égale des stars hollywoodiennes (et sa robe époustouflante aux revers et intérieur pailletés réalisée par Louise Watts, lui en souligne la carrure), mais bien loin des futilités d’usage, lorsqu’elle attrape le micro, c’est pour nous raconter des histoires, des tranches de vie réalistes, drôles ou tristes à pleurer. Elle nous confie aussi ses doutes, ses joies, ses peines, ses amours, sa fatigue, sa vie...
Le travail et la collaboration entre ces artistes est un succès ! Une riche idée. Simon Abkarian apporte son univers et sa justesse dans le moindre geste, il semble parfois que les pas de Jean-Pierre Gesbert soient ceux d’Abkarian lui-même. Nathalie Joly offre bien plus que sa voix et son corps, c’est son amour pour cette femme, Yvette Guilbert, et tout ce que représente son œuvre et son implication que Nathalie Joly transpose sur scène. Elle se donne entièrement avec beaucoup d’émotions et de justesse, sans pathos, ni excès. Et Jean-Pierre Gesbert est sa pierre d’ancrage. "Yvette, je suis là, repose-toi sur moi." Ces mêmes mots pourraient être exactement les mêmes que ceux du pianiste à la chanteuse.
Bien plus que les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert, Chansons sans gêne parle de la femme, des femmes, des relations homme/femme. On rit de cette dame qui enfin peut se venger de son mari qui l’a fait souffrir quelques années auparavant par son égoïsme et son irrespect, et qui, maintenant qu’il est vieux et qu’il a besoin d’elle, fait un mea culpa rampant. On pleure en écoutant l’histoire de cette pauvre buveuse d’absinthe déformée par les grossesses à répétition et sous le joug d’un homme qui ne l’aime pas... Des portraits de femmes marquants et marqués des traits de la vie. Comme celles dont les images sont projetées sur le rideau de scène.
Sa vie n’a pas été simple à Yvette, elle en a connues, des déboires et des difficultés. Mais elle ne s’est jamais laissé abattre et elle pouvait compter sur le soutient de quelques rares personnes chères à son cœur. Ce duo magique, Nathalie Joly allongée sur le piano, l’ampoule valsant au-dessus d’elle, avec Jean-Pierre Gesbert au clavier, tous deux complices et partenaires de scène/de création, est un tableau magnifique, un bel hommage.
Chansons sans gêne, le volet final du triptyque sur Yvette Guilbert est enfin sur scène et il est encore plus beau que l’on pouvait imaginer. Yvette en serait très touchée, à n’en pas douter !
Il y a eu Un je ne sais quoi (1er épisode) et En v’là une drôle d’affaire (2e épisode) pour raconter la carrière d’Yvette Guilbert, ses déboires sur scène, ses succès, son amour et ses correspondances avec Sigmund Freud, puis son exil en Amérique et l’ouverture de son école d’artiste pour filles... Oui, Yvette, c’était une grande dame ! Et ce jusqu’à sa mort. Avec beaucoup de passion, de respect et d’amour pour cette artiste, Nathalie Joly nous dévoile les dernières années d’Yvette et son combat incessant en faveur de l’émancipation de la femme, de sa reconnaissance, de sa liberté... Et pour l’épauler dans cette magnifique croisade, Nathalie Joly peut compter sur le soutien de son ami et acolyte Jean-Pierre Gesbert, au piano et en duo avec elle depuis le début de l’œuvre sur Yvette Guilbert. Partenaire de premier ordre, leur travail sonne comme deux cœurs à l’unisson et leur attachement crée une complicité touchante et sincère sur scène.
Nathalie Joly s’entoure également d’un metteur en scène de choix en la personne de Simon Abkarian, artiste comédien, danseur, chanteur, metteur en scène, crooneur... Une personne passionnée et passionnante à l’œil aiguisé et au cœur grand ouvert pour partager. Il apporte une profondeur à ce troisième volet. Exit tous les repères des spectacles précédents, il purifie la scène. Plus de tapis, ni de paravent ou autre décor, plus de peignoir asiatique, allant même jusqu’à changer l’orientation du piano. Jean-Pierre Gesbert est dos au public, mais l’on peut désormais se régaler de ses doigts courant sur les notes nacrées. Tout est épuré et on en vient à l’essentiel, la voix, la musique et les mots. Il joue avec la scène, sa profondeur, ses murs, ses possibilités. Et aussi avec les lumières, des découpes marquées qui centrent le regard à des endroits précis, des jeux d’ombre... et des projections en film noir et blanc. On oscille dans un passé pas si lointain, un univers vintage de voyous et de pin-up que Simon Abkarian affectionne particulièrement. On note également une direction d’acteur qui sort Nathalie Joly de sa zone de confort, dans son interprétation du personnage et de ses chansons. Tantôt femme fatale, tantôt rock, voire légèrement punk, ils déconstruisent l’image de base pour s’approprier les chansons d’Yvette et en livrer une interprétation profonde et ressentie.
Dans un univers sombre de cabaret, sur une scène vide, le pianiste fume et se sert un bon whisky. Il pianote dans cette ambiance de tripot lorsqu'apparaît derrière le rideau de voile blanc, la grande vedette, Yvette Guilbert. Elle a à présent une longue carrière derrière elle, elle a conquis le public à force de travail et d’acharnement et aujourd'hui, on célèbre son triomphe au cinéma, à l’âge de 60 ans. Elle est l’égale des stars hollywoodiennes (et sa robe époustouflante aux revers et intérieur pailletés réalisée par Louise Watts, lui en souligne la carrure), mais bien loin des futilités d’usage, lorsqu’elle attrape le micro, c’est pour nous raconter des histoires, des tranches de vie réalistes, drôles ou tristes à pleurer. Elle nous confie aussi ses doutes, ses joies, ses peines, ses amours, sa fatigue, sa vie...
Le travail et la collaboration entre ces artistes est un succès ! Une riche idée. Simon Abkarian apporte son univers et sa justesse dans le moindre geste, il semble parfois que les pas de Jean-Pierre Gesbert soient ceux d’Abkarian lui-même. Nathalie Joly offre bien plus que sa voix et son corps, c’est son amour pour cette femme, Yvette Guilbert, et tout ce que représente son œuvre et son implication que Nathalie Joly transpose sur scène. Elle se donne entièrement avec beaucoup d’émotions et de justesse, sans pathos, ni excès. Et Jean-Pierre Gesbert est sa pierre d’ancrage. "Yvette, je suis là, repose-toi sur moi." Ces mêmes mots pourraient être exactement les mêmes que ceux du pianiste à la chanteuse.
Bien plus que les dernières années de la vie d’Yvette Guilbert, Chansons sans gêne parle de la femme, des femmes, des relations homme/femme. On rit de cette dame qui enfin peut se venger de son mari qui l’a fait souffrir quelques années auparavant par son égoïsme et son irrespect, et qui, maintenant qu’il est vieux et qu’il a besoin d’elle, fait un mea culpa rampant. On pleure en écoutant l’histoire de cette pauvre buveuse d’absinthe déformée par les grossesses à répétition et sous le joug d’un homme qui ne l’aime pas... Des portraits de femmes marquants et marqués des traits de la vie. Comme celles dont les images sont projetées sur le rideau de scène.
Sa vie n’a pas été simple à Yvette, elle en a connues, des déboires et des difficultés. Mais elle ne s’est jamais laissé abattre et elle pouvait compter sur le soutient de quelques rares personnes chères à son cœur. Ce duo magique, Nathalie Joly allongée sur le piano, l’ampoule valsant au-dessus d’elle, avec Jean-Pierre Gesbert au clavier, tous deux complices et partenaires de scène/de création, est un tableau magnifique, un bel hommage.
Chansons sans gêne, le volet final du triptyque sur Yvette Guilbert est enfin sur scène et il est encore plus beau que l’on pouvait imaginer. Yvette en serait très touchée, à n’en pas douter !
Cyriel Tardivel
19/05/2016
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