Demain matin, Montréal m’attend
de Michel Tremblay
Mise en scène de René Richard Cyr
Avec Geneviève Alarie (Butch), Hélène Bourgeois-Leclerc (Lola Lee), Kathleen Fortin (Betty Bird), Michelle Labonté (La Mère Tétrault), Christian Laporte (Sandra), Marie-Andrée Lemieux (Louis Tétrault), Benoît McGinnis (Marcel-Gérard), Laurent Paquin (La Duchesse), Bryan Audet, Geneviève Beaudet, Guillaume Borys, Jade Bruneau, Marie-Pierre de Brienne, José Dufour, Myriam Fournier, Gabriel Lemire, Chris Barillaro (piano), Paul Carter (instruments à vent), Peter Colantonio (percussions), Mario Hébert (guitare), François Marion (basse)
Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour atteindre la célébrité ?
Une petite ville, un concours de talent, une jeune femme, un rêve... L’espoir. L’espoir d’une vie meilleure, l’espoir d’être aimé, adulé, reconnu. Une envie déchirante de vivre autre chose, de vivre une vie vibrante et résonnante. Une histoire ô combien familière à tous ces jeunes gens qui s’en vont vers les grandes villes et les capitales le cœur gonflé d’espoir et les yeux remplis d’étoiles. Michel Tremblay est l’auteur du texte Demain matin, Montréal m’attend. Une histoire qu’il a dû voir des centaines de fois. Sa première version de 1970 a beaucoup évolué (à l’époque elle ne durait que 50 minutes). Aujourd’hui, c’est René Richard Cyr qui reprend ce spectacle et travaille en collaboration avec François Dompierre qui signe la musique. Un trio magique pour un spectacle magnifique.
Louise Tétrault est jeune et pleine d’espoir, de rêves et d’envies. Elle travaille comme serveuse dans un restaurant Bar-B-Q de Saint Martin ; et elle s’ennuie. Elle rêve de suivre les traces de sa sœur aînée, Rita, devenue la vedette de music-hall Lola Lee ; et de fuir cette ville de cauchemar pour la grande et lumineuse ville de Montréal. Un jour elle gagne le concours de talent local. Dès lors, pour elle, le monde s’ouvre. Convaincue de son talent qu’elle fera enfin découvrir à tous, elle décide de quitter le soir-même sa ville natale pour rejoindre sa grande sœur. Il suffira d’une nuit pour que la vie de Louise Tétrault soit bouleversée. Il faut d’abord quitter la mère qui ne s’est jamais remise du départ (de l’abandon) de sa fille aînée. Qu’importe la souffrance de sa mère, Louise a besoin d’air, et c’est avec dédain qu’elle dit adieu aux résidents de Saint Martin.
Les retrouvailles avec sa sœur Rita ne sont pas des plus chaleureuses. La sœur aînée, partie quinze ans plus tôt, est désormais la célèbre Lola Lee. Mais tout ce qu’elle a dû faire pour gravir les échelons de la célébrité, Louise n’en sait rien. De toute façon, elle n’aura pas besoin d’attendre aussi longtemps pour devenir une grande star. Louise annonce à sa sœur qu’elle l’imitera et grâce au succès et au nom de Lola Lee, Louise devenue Leyla Jasmin, sera une star d’ici peu de temps. Seulement Rita ne l’entend pas de cette oreille. Elle qui a trimé pendant quinze ans, n’est pas prête de laisser sa place à sa petite sœur qui se veut sa copie conforme. Rita décide de renvoyer illico Louise à Saint Martin. Devant le refus de cette dernière, Rita emmène Louise durant toute la nuit dans son univers. L’univers du music-hall et surtout celui derrière le décor et les paillettes.
Une histoire touchante et magnifiquement écrite. Le texte est simple, drôle, cru et criant de vérité. Les personnages sont travaillés, beaux dans leur laideur et dans leur triste vie. La mise en scène est efficace et l’on est pris dans le spectacle sans voir le temps passer. Les chansons permettent une légèreté dans une histoire lourde, ou bien de toucher directement au cœur. En tout point ce spectacle est une réussite.
Les acteurs vivent et nous touchent. La mère Tétrault (sublime interprétation de Michelle Labonté) est seule, triste et terrorisée à l’idée de perdre sa dernière enfant. Mais elle est surtout trop orgueilleuse pour lui en toucher un mot. Cette mère nous arrache des larmes. Louise est fraîche et pleine d’espoir, mais n’hésite pas un seul instant à trahir la seule famille qui lui reste devant la perspective d’un article dans un magazine people.
Le chœur des boys est drôle, licencieux, provocateur, mais ce qui frappe surtout, c’est la tristesse et la solitude de chacun. Cette "famille" d’amis se plante des couteaux dans le dos à la moindre occasion, rêve de grand amour, se crache dessus et abandonne l’un des leurs aussi facilement qu’un mouchoir sale. L’histoire de La Duchesse, interprétée d’une main de maître par Laurent Paquin, nous noue un nœud au fond de la gorge. Katleen Fortin joue Betty Bird, tenancière de bordel. Sa chanson finale, celle d’une femme qui perd sa vie au fur et à mesure que le temps passe et qu’elle perd ses charmes, donne des frissons. Hélène Bourgeois Leclerc vit le rôle de Lola Lee. Cette comédienne est époustouflante, oscillant entre amour, peur, tristesse, désespoir et rage. Que ce soit lors de ses parties chantées ou jouées, enjouée ou pleine de colère, elle touche le public.
Ajoutez à cela une belle brochette de musiciens live, discrets en fond de scène derrière le plateau, donnant corps au notes ; et vous obtenez un magnifique spectacle. Pas étonnant qu’ils aient eu une standing ovation et que des dates supplémentaires aient été ajoutées pendant la période de représentation au Théâtre du Nouveau Monde avant la tournée dans tout le Québec.
Il faut dire aussi que le sujet est universel et d’actualité depuis bien trop longtemps maintenant. Pour reprendre les mots de Michel Tremblay, "il y aura toujours des concours pour encourager les jeunes naïfs à rêver de devenir des célébrités plutôt que des artistes". Dans un désir d’émancipation et de liberté, après une vie de matraquage où l’on n’est rien si l’on ne brille pas au-dessus des autres, combien de jeunes gens se sont perdus sur ce chemin tortueux et dangereux de la célébrité. Combien de jeunes gens abusés et désabusés ?! Le texte fait écho et résonne aussi aux jeunes artistes qui travaillent avec acharnement et ne se voient proposer des "opportunités" qu’à certaines conditions, qui n’ont bien souvent rien à voir avec leur art. De nombreux sujets sont traités avec justesse dans ce spectacle. Les chorégraphies, l’humour québécois, les personnages haut en couleur et les chansons permettent de rentrer dans le vif de tous ces sujets avec plus de légèreté. On en sort ravi, tout en réfléchissant. Il est difficile de grandir, de s’émanciper, de vivre son rêve, de connaître ses limites, d’être loyal dans l’adversité, d’aimer... C’est ainsi une sublime adaptation de René Richard Cyr et de toute son équipe. Un spectacle magistrale, à voir.
Louise Tétrault est jeune et pleine d’espoir, de rêves et d’envies. Elle travaille comme serveuse dans un restaurant Bar-B-Q de Saint Martin ; et elle s’ennuie. Elle rêve de suivre les traces de sa sœur aînée, Rita, devenue la vedette de music-hall Lola Lee ; et de fuir cette ville de cauchemar pour la grande et lumineuse ville de Montréal. Un jour elle gagne le concours de talent local. Dès lors, pour elle, le monde s’ouvre. Convaincue de son talent qu’elle fera enfin découvrir à tous, elle décide de quitter le soir-même sa ville natale pour rejoindre sa grande sœur. Il suffira d’une nuit pour que la vie de Louise Tétrault soit bouleversée. Il faut d’abord quitter la mère qui ne s’est jamais remise du départ (de l’abandon) de sa fille aînée. Qu’importe la souffrance de sa mère, Louise a besoin d’air, et c’est avec dédain qu’elle dit adieu aux résidents de Saint Martin.
Les retrouvailles avec sa sœur Rita ne sont pas des plus chaleureuses. La sœur aînée, partie quinze ans plus tôt, est désormais la célèbre Lola Lee. Mais tout ce qu’elle a dû faire pour gravir les échelons de la célébrité, Louise n’en sait rien. De toute façon, elle n’aura pas besoin d’attendre aussi longtemps pour devenir une grande star. Louise annonce à sa sœur qu’elle l’imitera et grâce au succès et au nom de Lola Lee, Louise devenue Leyla Jasmin, sera une star d’ici peu de temps. Seulement Rita ne l’entend pas de cette oreille. Elle qui a trimé pendant quinze ans, n’est pas prête de laisser sa place à sa petite sœur qui se veut sa copie conforme. Rita décide de renvoyer illico Louise à Saint Martin. Devant le refus de cette dernière, Rita emmène Louise durant toute la nuit dans son univers. L’univers du music-hall et surtout celui derrière le décor et les paillettes.
Une histoire touchante et magnifiquement écrite. Le texte est simple, drôle, cru et criant de vérité. Les personnages sont travaillés, beaux dans leur laideur et dans leur triste vie. La mise en scène est efficace et l’on est pris dans le spectacle sans voir le temps passer. Les chansons permettent une légèreté dans une histoire lourde, ou bien de toucher directement au cœur. En tout point ce spectacle est une réussite.
Les acteurs vivent et nous touchent. La mère Tétrault (sublime interprétation de Michelle Labonté) est seule, triste et terrorisée à l’idée de perdre sa dernière enfant. Mais elle est surtout trop orgueilleuse pour lui en toucher un mot. Cette mère nous arrache des larmes. Louise est fraîche et pleine d’espoir, mais n’hésite pas un seul instant à trahir la seule famille qui lui reste devant la perspective d’un article dans un magazine people.
Le chœur des boys est drôle, licencieux, provocateur, mais ce qui frappe surtout, c’est la tristesse et la solitude de chacun. Cette "famille" d’amis se plante des couteaux dans le dos à la moindre occasion, rêve de grand amour, se crache dessus et abandonne l’un des leurs aussi facilement qu’un mouchoir sale. L’histoire de La Duchesse, interprétée d’une main de maître par Laurent Paquin, nous noue un nœud au fond de la gorge. Katleen Fortin joue Betty Bird, tenancière de bordel. Sa chanson finale, celle d’une femme qui perd sa vie au fur et à mesure que le temps passe et qu’elle perd ses charmes, donne des frissons. Hélène Bourgeois Leclerc vit le rôle de Lola Lee. Cette comédienne est époustouflante, oscillant entre amour, peur, tristesse, désespoir et rage. Que ce soit lors de ses parties chantées ou jouées, enjouée ou pleine de colère, elle touche le public.
Ajoutez à cela une belle brochette de musiciens live, discrets en fond de scène derrière le plateau, donnant corps au notes ; et vous obtenez un magnifique spectacle. Pas étonnant qu’ils aient eu une standing ovation et que des dates supplémentaires aient été ajoutées pendant la période de représentation au Théâtre du Nouveau Monde avant la tournée dans tout le Québec.
Il faut dire aussi que le sujet est universel et d’actualité depuis bien trop longtemps maintenant. Pour reprendre les mots de Michel Tremblay, "il y aura toujours des concours pour encourager les jeunes naïfs à rêver de devenir des célébrités plutôt que des artistes". Dans un désir d’émancipation et de liberté, après une vie de matraquage où l’on n’est rien si l’on ne brille pas au-dessus des autres, combien de jeunes gens se sont perdus sur ce chemin tortueux et dangereux de la célébrité. Combien de jeunes gens abusés et désabusés ?! Le texte fait écho et résonne aussi aux jeunes artistes qui travaillent avec acharnement et ne se voient proposer des "opportunités" qu’à certaines conditions, qui n’ont bien souvent rien à voir avec leur art. De nombreux sujets sont traités avec justesse dans ce spectacle. Les chorégraphies, l’humour québécois, les personnages haut en couleur et les chansons permettent de rentrer dans le vif de tous ces sujets avec plus de légèreté. On en sort ravi, tout en réfléchissant. Il est difficile de grandir, de s’émanciper, de vivre son rêve, de connaître ses limites, d’être loyal dans l’adversité, d’aimer... C’est ainsi une sublime adaptation de René Richard Cyr et de toute son équipe. Un spectacle magistrale, à voir.
Cyriel Tardivel
15/10/2017
Huit dates supplémentaires du 15 au 22 octobre et tournée partout au Québec (printemps 2018).
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Mise en scène de GÉrard Rauber
Ce spectacle musical, orchestré par le génial metteur en scène Gérard Rauber, réunit un quatuor de talents exceptionnels pour nous emporter dans un voyage époustouflant à travers l’univers de Jean-Sébastien Bach ou en rapport à son œuvre comme cet étonnant et pétillant « 12345 »...
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