Brand
de Henrik Ibsen
Mise en scène de Franck Watrin
Avec Frédéric Thérisod, Joana Kojundzic, Clara Beauvois, Marie Hasse, Virginie Lisb, Frédéric Morel
La pièce la plus sombre d’Henrik Ibsen où l’auteur oscille entre la critique sociale et son amour inconditionnel pour un personnage qu’on aurait plutôt tendance à détester. Au niveau du texte, la perle noire de ce Cycle Ibsen.
En voyant cheminer par monts et par vaux ce personnage taciturne, on pense au Manfred de Lord Byron, prototype du héros romantique, mais aussi le parfait produit d’un environnement fait de roches, de crevasses, de torrents et avec l’avalanche qui gronde au loin. Du point de vue littéraire, les deux œuvres sont cousines, puisque l’une et l’autre ne sont pas des pièces, mais des poèmes dramatiques. Le passage à la scène et l’adaptation ont aboli le vers pour la prose, avec une approche plus réaliste.
Vêtu de noir, avec juste en scapulaire autour du cou, le pasteur Brand écume la Norvège, de paroisse en paroisse « comme un lièvre changeant de gîte. » Le voici dans le pays de son enfance grignoté par les fjords. Il rencontre tout d’abord un couple, apparemment heureux : Ejnar le peintre et sa fiancée Agnès. Leur facilité de vivre – et peut-être leur insouciance - déclenche les reproches de l’homme d’Eglise, qui, dès les première minutes assène son credo : le Tout ou rien. Celui-ci, dans cette nature hostile, s’accorderait avec les choses éternelles, "l’âme diffuse (…) dans l’éclosion du printemps".
De fil en aiguille, le pasteur est confronté à la foule, sourde et bourdonnante. Mais la misère s’invite. Une misère bien réelle. De l’autre côté du fjord, la famine au point qu’un homme, basculant dans la folie, tire sur les siens, puis retourne son arme contre lui. Alors qu’il agonise, il demande les secours d’un prêtre. Brand répond à son appel. La tempête menace et chacun lui déconseille de franchir le détroit. Il fera face, mais manque un pilote au bateau. Vu le manque de courage de son fiancé, c’est Agnès qui revendiquera la place. Sur l’autre rive, Brand séduit la population, comme il a séduit la jeune femme qu’il épousera, la considérant comme un son double spirituel. Un petit Alf verra le jour, mais sa santé déclinera vu l’absence de soleil en cette région bien précise. Le pasteur devra choisir entre sa paroisse et la vie de u garçon. Il le sacrifiera. Alf mort, sa mère n’en survivra pas. Brand est dur et implacable. Même dureté vis-à-vis de sa propre mère. Celle-ci lui fera promettre d’accourir à son chevet quand le moment viendra. Brand acceptera à la seule condition que celle qu’il considère comme avare lui lègue, avant de courir vers elle, l’ensemble de son bien. Mais, l’heure venue, elle n’en lègue que la moitié. Il ne se déplacera pas.
Durant 2 heures et 20 minutes, Frédéric Thérisot porte seul la pièce, ceci dans la mise en scène très dépouillée de Francis Watrin. La force que Thérisode dégage n’a plus rien à voir avec le machiavélisme qu’il dégageait dans le personnage de Richard III. Mais sa toute-puissance est la même. Elle nous écrase. En homme d’église, il est cet être infaillible qu’on devrait détester, mais l’âme est trop belle et l’on cède à son charme. Il est pourtant l’orgueil en personne. Et de ce fait, sans s’en rendre compte, il tombe dans le piège que Satan lui tend. Brand est donc l’histoire d’un échec. Ce qui s’apparente à la parole de François Mauriac : "Tout damné est un saint raté".
Les comédiens qui accompagnent Frédéric Thérisod dans cette longue pièce, peut-être un peu trop longue (ce qui explique nos 2 T) sont parfaits. La difficulté de l’œuvre ne les rebute pas, qu’il s’agisse de Joana Kojundzic, hurlant son désespoir en mater dolorosa, de Clara Beauvois, femme du peuple au crucifix agressif, de Virgine Lisb en mère de pasteur plus rugueuse que son fils, de Marie Hasse et de Frédéric Morel. Que tous en soient remerciés !
Vêtu de noir, avec juste en scapulaire autour du cou, le pasteur Brand écume la Norvège, de paroisse en paroisse « comme un lièvre changeant de gîte. » Le voici dans le pays de son enfance grignoté par les fjords. Il rencontre tout d’abord un couple, apparemment heureux : Ejnar le peintre et sa fiancée Agnès. Leur facilité de vivre – et peut-être leur insouciance - déclenche les reproches de l’homme d’Eglise, qui, dès les première minutes assène son credo : le Tout ou rien. Celui-ci, dans cette nature hostile, s’accorderait avec les choses éternelles, "l’âme diffuse (…) dans l’éclosion du printemps".
De fil en aiguille, le pasteur est confronté à la foule, sourde et bourdonnante. Mais la misère s’invite. Une misère bien réelle. De l’autre côté du fjord, la famine au point qu’un homme, basculant dans la folie, tire sur les siens, puis retourne son arme contre lui. Alors qu’il agonise, il demande les secours d’un prêtre. Brand répond à son appel. La tempête menace et chacun lui déconseille de franchir le détroit. Il fera face, mais manque un pilote au bateau. Vu le manque de courage de son fiancé, c’est Agnès qui revendiquera la place. Sur l’autre rive, Brand séduit la population, comme il a séduit la jeune femme qu’il épousera, la considérant comme un son double spirituel. Un petit Alf verra le jour, mais sa santé déclinera vu l’absence de soleil en cette région bien précise. Le pasteur devra choisir entre sa paroisse et la vie de u garçon. Il le sacrifiera. Alf mort, sa mère n’en survivra pas. Brand est dur et implacable. Même dureté vis-à-vis de sa propre mère. Celle-ci lui fera promettre d’accourir à son chevet quand le moment viendra. Brand acceptera à la seule condition que celle qu’il considère comme avare lui lègue, avant de courir vers elle, l’ensemble de son bien. Mais, l’heure venue, elle n’en lègue que la moitié. Il ne se déplacera pas.
Durant 2 heures et 20 minutes, Frédéric Thérisot porte seul la pièce, ceci dans la mise en scène très dépouillée de Francis Watrin. La force que Thérisode dégage n’a plus rien à voir avec le machiavélisme qu’il dégageait dans le personnage de Richard III. Mais sa toute-puissance est la même. Elle nous écrase. En homme d’église, il est cet être infaillible qu’on devrait détester, mais l’âme est trop belle et l’on cède à son charme. Il est pourtant l’orgueil en personne. Et de ce fait, sans s’en rendre compte, il tombe dans le piège que Satan lui tend. Brand est donc l’histoire d’un échec. Ce qui s’apparente à la parole de François Mauriac : "Tout damné est un saint raté".
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Pierre Breant
09/04/2018
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